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Vitalie Eni

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Un basarabean pe lista MR a candidatilor la alegerile locale din Belgia


Originaire de Bessarabie, actuelle République de Moldavie, Vitalie Eni, économiste et courtier en assurance, est en campagne pour gagner sa place sur les bancs du conseil communal de la ville de Bruxelles, lors des élections locales du 14 octobre 2012, sur la liste du Mouvement Réformateur (MR). Nous l’avons rencontré pour comprendre les raisons qui l’ont poussé à faire un pas dans le sens de la politique, tout en étant d’origine étrangère, bien que naturalisé, avec son identité particulière, celle de russophone de Moldavie, francophone intégré en Belgique et à l’aise dans le monde politique.

http://www.enivitalie.be/contact.de.htm Vitalie Eni répond à vos questions en ligne.

LB: Comment t’est venu l’idée d’entrer en politique?

En fait, en 2008, lorsque je suis devenu belge, je me suis dit que je dois m’engager dans la politique, dans le combat collectif pour pouvoir apporter des réponses et du soutien à notre communauté moldave et aux communautés des pays de l’Est. En plus, j’ai aidé certaines personnes pour leur campagne électorale pour les élections fédérales. Et après on m’a contacté pour me proposer une place sur la liste MR de la ville de Bruxelles [Bruxelles 1000], puisque c’est ma commune, pour représenter la communauté dont je suis issu.

 LB: Est-ce que tu as un mentor, une sorte de parrain au sein du MR qui t’encourage?

Disons qu’il y en a plusieurs, car un parti politique c’est comme une grande famille, certaines personnes vous aiment d’autres pas, mais celle à qui je suis particulièrement attaché, c’est Marillon Lemaire, député de Bruxelles, chef de groupe MR au Conseil communal de la ville de Bruxelles, c’est avec elle que j’ai eu la première conversation sur où j’habite, ce que je fais au sein du parti et suite à cela elle m’a présenté Alain Courtois, sénateur de la ville de Bruxelles, grand sénateur et président de la Commission de Justice au Sénat qui est notre tête de liste pour les élections communales de la ville de Bruxelles en octobre 2012.

LB: Est-ce que le fait de ne pas être né en Belgique n’a pas été difficile pour toi en tant que potentiel candidat aux élections? Tu es différent, venu d’ailleurs, etc.

Disons que je me sentais différent depuis toujours en Belgique et c’est vrai que c’est un handicap non seulement pour moi mais aussi pour beaucoup d’entre nous, car à la base il y a beaucoup de discrimination au niveau du travail. Quand vous êtes pas belge on ne retient pas votre candidature? Chez moi c’était fréquent,  j’ai travaillé comme commis de salle beaucoup d’années avant de créer ma société, parce que c’était la seule solution. Aucune banque ne voulait m’engager, aucune société de conseil ou d’assurance, et pourtant j’ai des études et de l’expérience, donc oui quand vous êtes refusé souvent vous vous dites « je ne suis peut être pas compétent », « pas à la hauteur », mais dans un parti politique on aime la diversité, nous avons besoin de gens de cultures différentes, d’origines étrangères, etc. A Bruxelles, il y a plus de 140 cultures et nationalités. Donc je crois qu’en politique je suis plutôt à ma place, surtout que j’ai les capacités que le parti recherche.

LB: Quel est ton parcours en Belgique?

J’ai dû recommencer mes études pour valider mon diplôme que j’ai obtenu à Academia de Studii Economice de Moldavie (ASEM), mais après avoir terminé mes études à l’UCL, un diplôme d’études complémentaires en un an et puis l’administration des entreprises, j’ai réussi les deux, mais je ne trouvais toujours pas de travail, donc j’ai dû continuer des études HEC, l’Ecole de la Bourse, la Comptabilité, plus récemment, tout ça en travaillant le soir et les week-ends.

LB: D’accord, t’es d’origine moldave, mais en fait t’es russophone ou roumanophone de Moldavie?

Je connais les deux, mais dans la famille on parlait russe, pourtant ma mère est Moldave et mon père est moitié Moldave et moitié Russe, mais j’ai terminé l’école russe, ensuite j’ai fait mes études en russe, je communique avec plus de facilité en russe qu’en roumain, car je ne connais plus la terminologie, etc., en roumain.

LB: Et le français alors dans tout ça, tu l’as étudié à l’école?

Non, j’ai pas fais du français à l’école, mais je me suis dit que pour être bien intégré et être à la hauteur en Belgique il faut vraiment parler bien français, et en faisant mes études et en travaillant je me suis fait des amis francophones, et cela pendant des années, et j’ai parlé rarement russe ou roumain,. A un moment donné je me suis dit que je parle peut être suffisamment bien français, avec un accent comme nous tous mais j’ai un bon niveau. A l’école j’avais fait de l’allemand et ensuite de l’anglais à l’université.

LB: Et la politique pour toi c’est de famille ou pas? C’est quelque chose de naturel que de faire de la politique chez vous?

Mon père non, il était médecin et il n’aimait pas trop la politique disant que la politique c’est que des problèmes, par contre il avait été gérant de l’hôpital régional de Anenii Noi. Quant à moi, j’ai fait de la politique à Chisinau, mais plus au centre-gauche, chez les Agrariens, parce que mon père été ami avec le président du parti. Mon frère a fait plus de politique de moi, alors que moi j’ai travaillé dans l’économie, je gérais une société que nous avions créée, une société anonyme, j’avais 21 ans à l’époque. Mon frère est arrivé premier conseiller général du premier ministre. Maintenant, il ne fais plus de la politique, il habite à Moscou où il a une société hypothécaire, après avoir travaillé  dans une grosse banque de Moscou. Il a été dégoûté par la politique en Moldavie et a décidé de quitter le Moldavie tout simplement.

Moi j’entre en politique pour défendre des idées, notre communauté, les gens de l’Est et aujourd’hui ici, en Belgique, il n’y a personne pour faire cela. Moi j’aimerais bien éliminer la discrimination au travail pour les gens de l’Est, qu’on engage les gens tout simplement pour leurs capacités intellectuelles, mais pas parce qu’ils sont de l’Est. Il y a aussi de la discrimination dans la vie privé, dans la culture. Qui connaît aujourd’hui la culture moldave ici, presque personne.

LB: Avant t’étais donc plutôt de centre-gauche en Moldavie, ici tu passes bien à droite, car MR est à droite. Pourquoi?

Le MR est à droite, mais c’est ce qu’il faut faire, défendre les travailleurs, car c’est ça notre objectif, et moi je trouve qu’en Belgique il y a beaucoup d’assistanat, beaucoup de gens qui ne veulent tout simplement pas travailler, ça c’est malheureux, c’est également malheureux de voir des gens qui ne trouvent pas de travail, alors que d’autres profitent du système. En Belgique, avec les dettes que nous avons 360 milliards EUR de dettes plus le fond social on arrive à près de 500 milliards de dettes, on ne peut plus se permettre de l’assistanat, donc on doit miser sur le travail et diminuer les impôts et les charges pour ceux qui travaillent car ceux qui travaillent vont gagner non seulement bien leur vie, mais très bien, par rapport à celui qui ne travaille pas. Car ceux qui travaillent payent leurs impôts et n’arrivent même pas à finir leur mois aujourd’hui et d’autres qui ne travaillent pas et qui ont toujours des réductions pour les crèches, le transport en commun. C’est ça la situation! Je pense que le niveau de vie doit augmenter mais via la diminution des charges de travail. C’est pourquoi j’ai choisi plutôt la droite. En plus, je ne crois pas en cette égalité des revenus, comme les socialistes veulent répartir l’argent à ceux qui ne travaillent pas, c’est leur électorat évidemment et ils ne veulent surtout pas toucher à l’indexation, mais on voit très bien qu’on va directement à la faillite.

LB: Tu veux donc le travail moins taxé, mais les capitaux alors, tu vas les taxer? Ils vont s’enfuir.

Ils vont pas fuir si on diminue les charges de travail car les entreprises vont rester ici. On peut stimuler l’emploi en diminuant les charges. Et je vois que maintenant la proposition de Charles Michel est passée et les charges de l’employeur vont diminuer pour les trois premiers emplois d’une entreprise. Car ce qui est difficile pour les indépendants et pour les entreprises c’est passer d’une toute petite société ou du statut d’indépendant à une société. Le MR défend, en général, pas que les travailleurs, mais aussi les indépendants et les société, parce que l’on pense que c’est la clef de la réussite d’une société, cela aide à l’exportation, etc. Je crois qu’il faut miser sur la création d’emplois et cela n’est pas le cas en Belgique pour l’instant. En fait, les grosses sociétés ont des avantages, mais les petites et moyennes entreprises ont du mal a s’en sortir et c’est pour cela qu’il y a beaucoup de faillites.

LB: La grève des camionneurs belges contre les camionneurs de l’Est qui viennent en Belgique travailler, qu’en penses-tu, puisque tu fais campagne pour défendre les gens de l’Est?

En fait, c’est malheureux parce que les salaires des camionneurs belges doivent diminuer, mais ce n’est pas possible, parce que le niveau de vie ici est plus élevé par rapport aux pays de l’Est. Mais vu que nous sommes en Belgique, nous devons protéger les travailleurs belges d’abord, sinon, il n’y aura plus personne qui travaille dans ce domaine en Belgique. C’est un débat difficile, il faut réfléchir, il faut satisfaire tout le monde.

LB: Est-ce que tu as déjà des liens forts créés avec la communauté moldave en Belgique?

Je crois que oui, j’ai fait beaucoup d’efforts, nous avons organisé des concerts pour notre communauté mais aussi pour les Belges, des politiciens belges. On n’a pas fait que pour les Moldaves, on a fait pour les deux, on a partagé la culture. D’ailleurs, le concert qu’on organise le 29 septembre ça sera pour un partage culturel, ça sera « Toamna de Aur ».

LB: Est-ce que l’on peut dire que le fait que tu te présentes aux élections est en quelque sorte le couronnement de ton parcours d’intégration en Belgique? Parcours réussi?

Je crois que c’est réussi. Je pense que j’ai un bon contact avec les gens de l’Est et avec les Belges, et donc je dis que oui. Et grâce à cela la plupart des gens auront un exemple du fait qu’on peut réussir en Belgique et parler français et d’autres langues, qu’on peut travailler, si on n’a pas peur du travail, et travailler dur.

 LB: Est-ce que tu as l’intention de faire de la politique en Moldavie un jour?

Non, je ne pense pas. Je fais ma vie ici et la vie politique belge m’intéresse plus que la politique moldave. Ma vie est ici.

Interview réalisée par Ludmila Bulgar, Institut européen pour la Moldavie asbl